Analyse de la situation de la gauche dans les grands pays européens à partir de 6 grandes questions :
1. La Gauche est-elle au pouvoir dans le pays en question ?
2. Si non, quelle est la date de la dernière accession au pouvoir ?
3. Quels sont les partis présents sur la scène politique nationale ?
4. Quelle est la situation plus particulière du parti social démocrate dominant ?
5. Quelles sont les particularités de la situation politique de ce pays ?
6. Quelles sont les perspectives et les prochaines élections de ce pays ?
L’Espagne
1. Le PSOE (parti socialiste ouvrier espagnol) a remporté les élections générales de 2004 et de 2008.
2. La Gauche en Espagne est au pouvoir depuis 2004.
3. Les partis de Gauche en Espagne sont :
· Le PSOE : c’est l’un des premiers partis socialistes à voir le jour en Europe, en 1879. Il vise dés lors à mettre en application les idéaux d’émancipation du socialisme.
· La Gauche Unie : cette union réunit depuis 1986 des anciens membres du Parti Communiste d’Espagne, des écologistes, ainsi que de nombreux membres du mouvement social espagnol. Ce parti défend notamment le socialisme démocratique, l’écologie et les principes fondateurs de la République.
· La Gauche Républicaine de Catalogne : il s’agit d’un parti politique nationaliste défendant les intérêts de la Catalogne, et affichant des revendications sociales avancées.
· Union Progreso y Democracia : parti issu de Basta Ya !, organisation couronnée par le prix Sakharov en 2000 pour sa lutte contre le terrorisme de l’ETA. Le parti se veut laïc et progressiste et espère pouvoir rassembler les déçus des socialistes au pouvoir et les méfiants face au conservatisme du parti populaire dans l’opposition.
4. Jose Luis Zapatero est secrétaire général du PSOE depuis 2000. La victoire du PSOE lors des élections de mars 2004 est en grande partie due aux attentats ayant frappé Madrid quelques jours plus tôt. Durant le gouvernement Zapatero, certaines mesures fortes ont été prises concernant le mariage et l’adoption des homosexuels, des régularisations massives de sans-papiers ont été prononcées, la réforme de l’éducation rend désormais les enseignements religieux non-obligatoires, une condamnation résolue du franquisme s’est mise en place, et enfin le retrait des troupes espagnoles en Iraq. Par ailleurs Zapatero, a eu des difficultés à propos du règlement de la question de l’ETA.
5. La particularité espagnole réside dans les nombreux mouvements indépendantistes qui essaiment ses provinces. Certains de ces mouvements, dont la plus connue est l’ETA, utilisent la violence et le terrorisme pour faire avancer leurs revendications séparatistes. Le PSOE est d’ailleurs régulièrement accusé de faire preuve de trop de complaisance envers certains mouvements.
Une opération d’envergure a été menée au début du mois de février 2008, afin d’interdire les branches présumées politiques de l’ETA, dont Batasuna. Plusieurs membres de la direction de ce parti interdit, ont d’ailleurs été arrêtés.
6. Cette question du terrorisme a été au cœur des élections générales de 2008, qui plus est après l’assassinat dans le pays basque d’un élu local.
L’Église toujours influente en Espagne, s’est vivement opposée durant le premier gouvernement Zapatero au mariage homosexuel, à la réforme de l’éducation, et à la condamnation du franquisme. Elle fustige désormais la gestion de la question terroriste par le PSOE, et a soutenu avec ferveur le PP et Mariano Rajoy. Lors des élections de 2008, Jose Luis Zapatero a remporté d’une courte majorité les élections générales.
Deux mouvements de gauche sont en progression sur la scène politique espagnole, CiutadansUPD, parti nouvellement créé de la réflexion du groupe tout d’abord, qui s’oppose aux excès nationalistes en Catalogne, et l’Basta Ya !.
L’Allemagne
1. Le SPD participe depuis 2005 à la « Grande coalition » en compagnie du parti chrétien-démocrate d’Angela Merkel.
2. La coalition SPD/Verts a été au pouvoir de 1998 à 2005.
3. Les partis de Gauche présents en Allemagne sont :
– Le SPD
– Bündnis 90/Die Grünen : ce parti est formé de la fusion en 1993 des Verts (Die Grünen ) et d’Alliance 90. (Bündnis 90) D’une part écologiste et de l’autre pacifiste, ce parti représente la composante verte de la coalition rouge-verte qui a dirigé l’Allemagne de 1998 à 2005.
– Die Linke : Die Linke (La Gauche) est né d’un accord entre le courant de gauche du SPD dirigé par Oskar Lafontaine, le WASG (Alternative électorale travail et justice sociale), et Die Linkspartei. (le Parti de la Gauche)
4. Le SPD est l’un des plus anciens partis d’Allemagne.
Ce parti est actuellement dans une situation très compliqué. Il participe en effet depuis 2005 à la « Grande Coalition », ni la CDU ni le SPD n’ayant obtenu avec leurs alliés traditionnels la majorité. Le SPD a payé (cependant bien moins que ce qu’annonçaient les sondages) le calendrier de réformes libérales, l’Agenda 2010, lancé en 2003 par Gerhard Schröder.
5. Un événement important vient de se produire en Allemagne avec l’essor électoral de Die Linke. Le SPD participant actuellement à « Grande coalition », le parti d’Oskar Lafontaine apparaît comme le seul parti d’opposition de gauche avec les Verts qui ont considérablement radicalisé leur discours lors des dernières élections. Ainsi pourrait se poser très rapidement la pertinence d’une coalition rouge-rouge-verte.
Le congrès du SPD qui s’est réuni au mois d’octobre en Allemagne avait pour objectif de démêler les contradictions idéologiques du parti. Kurt Beck, le président du SPD a été plébiscité durant ce congrès, proposant un changement de cap radical, redistribution et nationalisations, introduction d’un salaire minimum unique, augmentation de la dette publique. Bref un retour à la situation d’avant Agenda 2010, et une tentative de récupération de l’électorat de Die Linke.
6. Les prochaines élections de 2009 vont imposer au SPD un véritable casse-tête. D’un côté le SPD va incarner la cohabitation et la proximité idéologique avec la CDU, et de l’autre Kurt Beck va tenter de donner au SPD une image de rupture sociale, en totale contradiction avec les récentes expériences gouvernementales qui ont abouti à l’Agenda 2010 et à la « Grande coalition ».
Le grand gagnant de ce quiproquo pourrait bien être Die Linke, auteur d’une progression très nette lors des dernières élections régionales de Basse-Saxe et de Hesse.