Pour défendre des idées, construire des projets et des programmes, pour mener des actions et des politiques élaborées collectivement, la libre association des citoyens est une façon irremplaçable de faire vivre une démocratie profonde et durable. Cette exigence est d’autant plus forte pour la gauche, dont le projet vise à élargir et renforcer la démocratie et le sens du collectif.
Les partis doivent donc être des lieux de synthèse, où l’on ne se contente pas d’acter le fait majoritaire, mais où l’on construit un large accord, des synthèses au sens fort du terme et non de simples compromis d’opportunités. Dans un parti de gauche digne de ce nom, cette exigence implique que l’on prenne en compte l’avis de l’autre pour avancer. Cette démarche, qui fait aussi œuvre éducative et civique, est une garantie de l’efficacité.

– Les partis sont des lieux de formation de la conscience politique et de la citoyenneté.
A gauche, parce qu’il s’agit d’émanciper chacun et de construire de véritables changements, l’esprit critique, les vertus de la confrontation doivent être entretenus pour mieux décider ensemble. L’histoire est sans appel : le centralisme démocratique, le guesdisme n’ont pas résisté au temps et aux aspirations profondes des hommes et des femmes. Le pluralisme doit être la règle et toute entreprise de caporalisation serait vouée à l’échec.

– Les partis sont des lieux de formation de cadres, de préparation des élus, mais aussi de promotion des citoyens
Un grand parti de gauche doit réussir cette alchimie et cette complémentarité, plutôt que de limiter son rôle à la sélection des futurs élus et à l’édition de leur feuille de route.
Pendant longtemps, les partis et singulièrement les partis de gauche ont permis la promotion de talents pas toujours révélés dans la société (« l’élite ouvrière »). Ce fut vrai surtout du Parti Communiste et dans une moindre mesure du Parti Socialiste, avec les instituteurs ou les salariés du secteur public. La technocratisation de la politique n’a pas épargné les partis de gauche et il est essentiel de réinventer des méthodes garantissant ce mouvement.

– Les partis sont des outils de transformation de la société.
L’expérience de la gauche au pouvoir a montré de façon évidente que le changement ne peut pas se réaliser uniquement d’en haut et par la seule intervention des institutions et des élus. La société doit être mobilisée, les citoyens doivent devenir eux aussi des acteurs du changement.
Les formes d’intervention peuvent être variées : engagement syndical ou associatif, contribution à la bataille des idées, des valeurs, à la confrontation avec la droite et les forces réactionnaires.
Cette fonction est essentielle, que la gauche soit dans l’opposition ou au pouvoir.

– Les partis, intellectuels collectifs, peuvent être un rempart contre le populisme, les dérives personnelles, voire totalitaires, du pouvoir.
Un signe de la crise démocratique est le recours au mythe de l’homme ou la femme providentiel(le), d’autant plus que la Vème République pousse à cette dérive. N’oublions pas que ses institutions sont nées d’une crise politique majeure et de la pensée gaulliste qui se défiait des partis, comme d’ailleurs des corps intermédiaires. Les évolutions institutionnelles récentes ont accru cette présidentialisation et influencé gravement le fonctionnement et les objectifs mêmes des partis. Il est vital pour la gauche de sortir de ce moule et de ces conceptions éloignées de notre vision de la démocratie et de la République, qui insiste sur la citoyenneté et le civisme et qui se situe aux antipodes du consumérisme politique.

– Il y a un lien étroit entre les projets politiques et la nature des partis.
Les totalitarismes et le cynisme ont en commun d’estimer que l’ont peut distinguer la fin des moyens. En réalité, le lien est étroit entre la nature du parti et son projet. Hier, il s’agissait de la démocratie interne et de l’autonomie d’un parti par rapport à l’Internationale. Aujourd’hui, les défis sont autres, mais l’approche doit être la même et il faut affirmer que l’on ne peut pas défendre le monde du travail sans un parti qui le représente, élargir la démocratie en la réduisant à l’intérieur, rassembler en refusant de jouer collectif ou encore prétendre à la promotion sociale en confortant les élites installées.