La modernisation de la vie politique et des partis de gauche passe par la promotion d’un nouveau militantisme et l’adoption des formes contemporaines d’engagement et de démocratie interne.

Concilier le rapport intellectuel à la politique (débat, réflexion…) et le travail de terrain.
Dans les années 60-70, une partie du lien s’opérait à travers la thématique des « luttes » : soutien aux salariés, lutte contre les expulsions….. Les mouvements sociaux ont pris d’autres formes (réseau « éducation sans frontière », actions pour le droit au logement, défense de l’environnement, refus des ventes à la découpe). Les militants de gauche y sont souvent présents, mais les partis s’engagent rarement en tant que tels pour les soutenir et leur apporter des prolongements politiques. Il faudra nouer des liens plus solides avec ces engagements.
De même, la réalisation par des non professionnels de documents de propagande (tracts, sites Internet,…) doit permettre aux responsables politiques et aux militants de s’approprier le discours, les positions du parti et de les transmettre autour d’eux de façon non aseptisées.
On pourrait aussi envisager d’organiser un portail des blogs des militants et de leur demander de tous réagir au même moment sur un thème précis, afin de recueillir les meilleures argumentations et de nourrir le débat.

Concilier la culture du débat, la clarification idéologique et l’efficacité.
La multiplication des débats conduit à des formes de narcissisme organisationnel, en valorisant « l’entre soi » militant, qui renforce la coupure entre l’organisation et la société. Il faut donc attacher une grande importance à la façon d’associer aux travaux et aux actions du parti, à tous les échelons, les associations, les syndicats, les parents d’élèves, le monde laïque. Ces liens sont indispensables pour accroître son rayonnement (voir aussi ci-dessus III-4, les forums thématiques).

Améliorer la vie militante.
Les militants doivent pouvoir réfléchir régulièrement sur les pratiques de la nouvelle organisation (pas seulement sur ses statuts). Chaque congrès devrait ainsi fixer un véritable programme d’action et d’engagement militant. Dans le même esprit, il pourrait être créé un « observatoire de la démocratie interne », qui interrogerait régulièrement des militants, regarderait de près l’évolution des pratiques. Grâce à des enquêtes, il serait possible de mieux connaître par exemple les attentes des militants des milieux populaires ou du monde ouvrier sur leur place dans le parti.

Eviter la « notabilisation »
L’instauration de comptes-rendus de mandats effectifs et réguliers, la limitation rigoureuse du cumul des mandats peuvent aider à combattre la « notabilisation ». Mais, plus fondamentalement, il ne faut pas hésiter à politiser le débat local, qui ne peut se limiter aux problèmes de gestion. Les communes de gauche sont souvent innovantes, mais leurs initiatives ne sont pas suffisamment organisées à travers le pays, pour présenter une cohérence plus large témoignant en profondeur de nos choix de société. Or l’action de la gauche au niveau municipal a souvent apporté d’importants progrès (cantines, éducation populaire, colonies de vacances …), qui se généralisaient ensuite lorsque la gauche venait au pouvoir. La décentralisation devrait renforcer cette exigence, puisque les compétences sont plus directes, mais il faut veiller à ce qu’elle n’atomise pas les pratiques et les réponses…
Une certaine forme de professionnalisation (poids des fonctionnaires locaux, des collaborateurs d’élus…) constitue également une dérive, qui doit être évitée. L’organisation de secteurs thématiques et d’organismes associés contribuera à créer de véritables creusets pour une révolution militante à gauche.